Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/210

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gence, une émanation du ciel. Dieu, selon ces philosophes, remplit l’immensité de la terre, les abîmes de la mer, les profondeurs du ciel. C’est de lui que l’homme et les diverses espèces d’animaux empruntent, en naissant, le souffle léger qui les anime ; c’est à lui que retournent, après leur dissolution, tous les êtres ; ils ne meurent point : vivants, ils vont se réunir aux astres, et se transportent sur les hauteurs du ciel.

Veux-tu pénétrer dans l’intérieur des ruches ? veux-tu enlever tous ces trésors de miel si soigneusement conservés ? Puise d’abord de l’eau, mouilles-en ton visage, remplis-en ta bouche, et arme ta main d’un tison dont la fumée mette en fuite les abeilles. Deux fois leurs rayons se remplissent, deux fois on les recueille : et lorsque la pléiade Taygète, élevant son front virginal au-dessus de l’horizon, repousse d’un pied dédaigneux les flots de l’Océan, et lorsque, fuyant les regards du Poisson pluvieux, elle se replonge tristement au sein de l’onde glacée. Terribles en leur colère, si on les offense, elles se vengent par des piqûres où elles épanchent leur venin ; elles lancent un trait qui perce jusqu’au sang, et laissent dans la plaie leur dard avec leur vie. Mais si tu crains pour tes essaims les rigueurs de l’hiver, si leur découragement et leur détresse excitent ta compassion, n’hésite point à parfumer leur ruche de thym, et à retrancher les cires inutiles. Car il arrive