Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/209

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suaves ; c’est là qu’elles retrouvent un roi et de nouveaux citoyens, pour qui elles réparent leurs palais et leurs royaumes de cire.

Souvent il leur arrive, dans leurs courses errantes, de briser leurs ailes au tranchant d’un caillou, et d’expirer volontairement sous un fardeau trop lourd ; tant est vive en elles la passion des fleurs ; tant elles sont fières de produire le miel ! Aussi, bien que leur vie soit renfermée en des bornes étroites (elle ne va guère au delà du septième été), la race est immortelle ; la fortune de la famille se maintient pendant une longue suite d’années, et les générations comptent les aïeux de leurs aïeux. Ce n’est pas tout : ni l’Égypte, ni la vaste Lydie, ni les nations des Parthes, ni le Mède habitant les bords de l’Hydaspe, n’ont autant de vénération pour leur roi. Tant que vit le roi des abeilles, elles n’ont qu’un même esprit : le roi est-il mort, tout pacte est rompu ; elles-mêmes pillent les magasins et brisent les rayons. C’est le roi qui surveille les travaux ; il est l’objet de leur admiration ; elles l’entourent avec un bourdonnement flatteur, et lui forment une escorte nombreuse. Souvent elles le portent en triomphe sur leurs ailes, lui font à la guerre un rempart de leur corps, et, bravant les blessures, cherchent une mort glorieuse.

À ces signes, à ce merveilleux instinct, des sages ont cru reconnaître dans les abeilles une parcelle de la divine intelli-