Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/212

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le moment de brûler dans l’habitation le galbanum odoriférant, d’y introduire du miel dans des tubes de roseaux pour exciter les abeilles, pour les inviter à ranimer leurs forces par cet aliment qu’elles aiment. Il sera bon d’y joindre la noix de galle pilée, des roses sèches, du vin doux épaissi à un feu ardent, du thym, de l’hymette, et de la centaurée à l’odeur forte. On trouve aussi dans les prairies une plante que les cultivateurs ont nommé amelle, et que l’on reconnaît aisément, car, d’une seule et même racine s’élève une forêt de tiges : sa fleur est couleur d’or ; mais les feuilles nombreuses qui l’entourent brillent du sombre éclat de la violette pourprée. Souvent de ses guirlandes on pare les autels des dieux. La saveur en est âcre ; les bergers la recueillent dans les prés déjà fauchés, sur les bords tortueux du Mella. Fais-en bouillir les racines dans un vin odorant, et place à l’entrée de la ruche des corbeilles pleines de cet aliment.

Mais si, l’espèce tout entière venant à périr, tu n’avais aucun moyen de la renouveler, il est temps de t’apprendre la mémorable découverte du berger d’Arcadie, et comment, du sang corrompu des victimes, naquirent souvent de nouveaux essaims d’abeilles. Je vais, remontant à l’origine de cette tradition, t’en raconter toute l’histoire.