Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/213

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Aux lieux où le Nil couvre la terre de ses débordements féconds, et voit l’heureux habitant de Canope naviguer sur des barques peintes autour de ses campagnes ; dans ces contrées où le fleuve, après avoir baigné les pays voisins de la Perse, fertilise de son noir limon les vertes campagnes de l’Égypte, et court, en descendant de chez l’Indien brûlé du soleil, se précipiter dans la mer par sept embouchures, cette invention est partout regardée comme un moyen infaillible.

On choisit d’abord un emplacement étroit, dont l’exiguïté convienne pour cet usage ; on l’entoure de murs surmontés d’une toiture de tuiles, on y perce quatre fenêtres, recevant obliquement le jour, et tournées aux quatre vents. Puis on cherche un taureau de deux ans, dont les jeunes cornes commencent à se courber sur son front, et, malgré sa résistance, on lui bouche les narines et la respiration ; ensuite, quand on l’a tué, on lui meurtrit les flancs à force de coups, sans déchirer sa peau. Ainsi abattu, on le laisse dans l’enclos, étendu sur un lit de feuillage, de thym et de romarin fraîchement cueilli. Cette opération se fait aussitôt que le zéphyr commence à remuer la surface de l’eau, avant que les prairies brillent de fleurs nouvelles, et que l’hirondelle vienne, en gazouillant, suspendre son nid au toit de nos maisons.