Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/218

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la cause de cette funeste maladie, et t’en enseigne le remède. Car, sans violence, il ne parlera point : tes prières ne sauraient le fléchir. Emploie donc la force pour l’enchaîner, quand tu l’auras pris : contre tes efforts seulement se briseront toutes ses ruses. Moi-même, quand le soleil, au milieu de sa course, dardera tous ses feux, à l’heure où les herbes sont consumées par une soif ardente, où l’ombre est agréable aux troupeaux, je te conduirai dans l’asile secret où vient se reposer, au sortir des ondes, le vieillard fatigué : pendant son sommeil, tu le surprendras facilement. Mais quand tu l’auras saisi et enchaîné, il t’échappera sous mille formes effrayantes : il deviendra soudain sanglier hérissé, tigre furieux, dragon couvert d’écailles, lionne à la crinière fauve ; tantôt flamme vive et pétillante, tantôt onde légère, il s’échappera de ses liens. Mais plus il prendra de formes différentes, plus, ô mon fils, tu auras soin de le serrer étroitement, jusqu’à ce qu’une dernière métamorphose le rende tel qu’il était, quand le sommeil commençait à fermer ses yeux. »

Elle dit, et verse sur son fils une essence d’ambroisie qui lui parfume tout le corps : de son élégante chevelure s’exhale une suave odeur, et dans ses membres se répand une vigueur utile.

Dans le flanc usé d’une montagne, au pied de laquelle les vagues,