Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/217

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ces voûtes de rocailles suspendues, et que Cyrène apprit la cause frivole des pleurs de son fils, les nymphes, suivant l’usage, versent sur ses mains une onde pure, et lui présentent de fins tissus ; d’autres chargent les tables de mets et remplissent les coupes. Les parfums brûlent sur les autels. Cyrène alors : « Prends cette coupe de vin de Méonie, et faisons des libations à l’Océan. » Aussitôt, la première, elle invoque l’Océan, père de toutes choses, et les nymphes, ses sœurs, protectrices des bois et des fleuves. Trois fois avec le nectar sacré elle arrose la flamme ; trois fois, jusqu’à la voûte, la flamme s’élance brillante. Ce présage la rassure, et elle commence en ces mots :

« Près de Carpathos, dans l’empire de Neptune, habite un devin, Protée, qui parcourt les mers sur un char attelé de monstres à deux pieds, moitié poissons et moitié chevaux. En ce moment, il va visiter les ports d’Émathie et Pallène, sa patrie. Toutes nous le respectons, et le vieux Nérée lui-même le révère : car il sait tout ce qui est, tout ce qui fut, toute la suite des événements de l’avenir : ainsi l’a voulu Neptune, dont il garde, au fond des mers, les monstrueux troupeaux et les phoques hideux. Il te faudra, mon fils, le prendre et l’enchaîner, si tu veux qu’il te révèle