Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/256

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pitalières d’où nous sommes partis, et retrouver le roi Aceste ! »

Ainsi dit Ilionée, et tous les Troyens font entendre un murmure approbateur.

Didon, les yeux baissés, répond en peu de mots : « Troyens, que vos cœurs cessent de craindre ! bannissez vos alarmes ! une dure nécessité et les dangers d’un empire naissant exigent ces rigueurs et cette garde qui veille au loin sur mes frontières. Mais, qui ne connaît Énée et son origine ? qui peut ignorer la ville de Troie et sa puissance, et ses combats, et l’incendie allumé par une guerre si mémorable ? Les Phéniciens n’ont pas des esprits si grossiers, et le Soleil n’attelle point ses coursiers si loin de Carthage ! Soit que vous désiriez la grande Hespérie et les champs de Saturne, soit que vous préfériez les campagnes d’Éryx et le royaume d’Aceste, j’assurerai par mes secours votre départ et votre sécurité, et je vous aiderai de mes richesses : ou si vous voulez vous fixer avec moi dans mon royaume, cette ville, que je fonde, est aussi la vôtre. Confiez vos nefs à ces rivages : le Troyen et le Tyrien seront égaux pour moi. Plût au ciel que votre chef, conduit par les mêmes vents, Énée, eût avec vous touché ces bords ! Mais j’enverrai des sujets fidèles explorer toutes les côtes, et s’informer jusqu’aux confins de la Libye, s’il n’est point errant au milieu des forêts, ou dans quelque cité. »