Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/257

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À ces paroles, qui les rassurent, déjà le vaillant Achate et le sage Énée étaient impatients de percer le nuage qui les couvre. Achate, le premier, s’adressant à Énée : « Fils d’une déesse, quelle pensée maintenant s’élève dans votre âme ? Vous le voyez, il n’est plus de péril : vous avez retrouvé votre flotte et vos compagnons. Il manque un seul navire que nous avons vu s’engloutir dans les ondes. Tout répond d’ailleurs au discours de votre mère. »

Il achevait ces mots : soudain le nuage qui les enveloppe se fend et se dissipe dans les airs. Énée paraît resplendissant d’une vive lumière : il a les traits et la démarche d’un dieu ; car Vénus elle-même, de son souffle divin, avait orné la tête de son fils d’une magnifique chevelure, paré son visage de tout l’éclat d’une splendide jeunesse, et rempli ses yeux d’un charme et d’une grâce ineffables. Tel brille l’ivoire que la main de l’ouvrier a poli ; tel l’argent, ou le marbre de Paros, dans l’or jaunâtre dont il est entouré.

Énée, s’adressant à la reine, devant tout un peuple qu’étonne sa présence inattendue : « Je suis celui que vous cherchez, le Troyen Énée, arraché aux flots de la Libye. Seule, vous prenez donc pitié des grands malheurs de Troie ! Tristes restes de la fureur des Grecs, épuisés par tous les fléaux de la terre et des mers,