Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/270

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du moins, ne le rendra ni fourbe, ni imposteur. Peut-être est venu jusqu’à vous le nom de Palamède, ce descendant de Bélus, dont la renommée a publié la gloire. Faussement accusé de trahison, innocent, il fut condamné sur de perfides indices ; et, parce qu’il blâmait la guerre, les Grecs le livrèrent à la mort. Aujourd’hui qu’il n’est plus, ils le pleurent. C’est sous la conduite de ce guerrier, auquel m’unissaient les liens du sang, que mon père, pauvre, m’envoya dès mes plus jeunes ans combattre en ce pays. Tant que Palamède conserva son crédit dans l’armée et son autorité dans le conseil des rois, j’obtins moi-même quelque nom et quelque gloire. Mais, lorsque, par la jalousie du perfide Ulysse (je ne dis rien qui ne soit connu), il eut quitté cette terre, livré à ma douleur, je traînais ma vie dans le deuil et dans la solitude, et je m’indignais en moi-même du sort injuste de mon ami. Insensé ! je ne sus pas toujours me taire ! Je promis que si le sort m’était favorable, et que la victoire me ramenât dans Argos, ma patrie, Palamède aurait un vengeur. Ces paroles allumèrent contre moi des haines implacables : telle fut la première source de mon malheur. Depuis ce temps, Ulysse n’a cessé de m’effrayer par de nouvelles accusations, de répandre dans l’armée des bruits équivoques, et de chercher des complices pour me perdre ; et sa haine n’eut point de repos, jusqu’à ce que par le