Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/271

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ministère de Calchas… Mais à quoi bon ce récit fatigant et inutile de mes malheurs ? que tardez-vous ? Si tous les Grecs sont égaux à vos yeux, vous m’avez assez entendu ; hâtez mon supplice : Ulysse le demande, et les Atrides le paieraient d’un grand prix. »

Ces mots enflamment notre curiosité ; nous voulons l’interroger et connaître les causes de sa fuite, ignorant toute la scélératesse et tous les artifices des Grecs. Alors, avec un effroi simulé, et, d’un cœur faux, il parle ainsi :

« Souvent les Grecs avaient voulu fuir, abandonner les plages de Troie, et renoncer à cette longue guerre, vaincus par ses fatigues. Et plût aux dieux qu’ils l’eussent fait ! Souvent la tempête leur ferma les mers, et l’Auster, par ses menaces, suspendit leur départ, surtout alors que s’éleva dans leur camp ce simulacre d’un coursier aux flancs d’érable : les nuages grondèrent dans toute l’étendue des cieux. Tremblants, nous envoyons Eurypile interroger l’oracle d’Apollon ; et, du sanctuaire de Délos, il rapporte ces tristes paroles : « Fils de Danaüs, ce fut par le sang d’une vierge immolée que les vents vous devinrent propices, et que vous abordâtes aux rivages troyens : le sang doit aussi payer votre retour, et il vous faut immoler un Grec. » Sitôt que cet arrêt fatal est connu de l’armée, tous les esprits sont consternés, la terreur court glacée jusqu’au fond des cœurs. Quel est celui que