Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/288

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les malheureux Troyens font voler des traits impuissants. Sur le bord même du comble, se dressait une tour dont le sommet s’élevait jusqu’aux astres. De là on pouvait découvrir Troie tout entière, et le camp, et les vaisseaux des Grecs. Le levier attaque cette masse tout autour de sa base, à l’endroit où l’extrémité des poutres donnait au fer plus de prise : nous arrachons la tour de ses fondements, et la poussons violemment : elle s’écroule soudain avec un horrible fracas, et tombe en débris sur les bataillons grecs. Mais d’autres les remplacent ; les pierres et les traits de toute espèce ne cessent de pleuvoir sur eux.

Devant le vestibule, et sur le seuil même du palais, Pyrrhus déploie toute sa fureur ; des feux étincelants jaillissent de son armure d’airain. Tel reparaît à la lumière le serpent que les frimas de l’hiver tenaient engourdi sous la terre où il s’est gonflé d’herbes vénéneuses : maintenant, orné d’une peau nouvelle, et brillant de jeunesse, il déroule, en soulevant sa poitrine, ses luisantes écailles, se dresse au soleil, et dans sa gueule darde un triple aiguillon.

Périphas, à la haute stature, Automédon l’écuyer, qui fut le conducteur des coursiers d’Achille, et tous les jeunes Grecs venus de Scyros, lancent au faîte du palais la flamme dévorante. Pyrrhus, qui les excite, saisit lui-même une hache à deux tranchants,