Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/287

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Là, le combat est si terrible, qu’on eût dit toutes les fureurs de la guerre réunies sur ce point, et absentes du reste de la ville. Nous voyons l’indomptable furie de Mars, les Grecs précipitant leur attaque sur le palais, et, sous la tortue qu’ils forment, en assiégeant l’entrée. Le long des murs sont dressées les échelles : ils s’efforcent d’y monter devant les portes mêmes. D’une main ils opposent aux traits leurs boucliers, de l’autre ils cherchent à saisir le faîte. En même temps, les Troyens arrachent les tours et les combles du palais, dernières armes de leur désespoir, et cherchent ainsi à se défendre contre la mort inévitable. Ils font tomber, sur les phalanges ennemies, les poutres et les lambris dorés, riches ornements de la demeure de nos rois. D’autres guerriers, le glaive nu, se pressent au bas des portes, et leurs rangs serrés en défendent l’entrée.

Mon courage excité par le péril me pousse à secourir le palais du roi, à me joindre aux guerriers qui combattent encore, et à ranimer l’ardeur des vaincus. Derrière le palais était une porte secrète qui, par des chemins ignorés, conduisait aux divers appartements de Priam. C’est par cette porte qu’aux jours où l’empire de Troie subsistait encore, Andromaque avait coutume de venir sans suite auprès de Priam et d’Hécube, et de leur amener le jeune Astyanax. Je m’élance au faîte du palais, d’où