Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/298

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Je ceins de nouveau le glaive ; j’attache au bras mon bouclier ; et j’allais franchir le seuil du palais, quand Créuse éplorée tombe à mes pieds qu’elle embrasse, et, me présentant le jeune Iule : « Si tu cours à la mort, entraîne-nous pour mourir avec toi ! ou si ton expérience dans la guerre laisse à tes armes quelque espoir, songe d’abord à défendre cet asile où tu laisses ton jeune Iule, ton père, et celle qu’autrefois tu nommais ton épouse. »

En disant ces mots, elle remplissait le palais de ses cris et de ses gémissements, quand soudain éclate un prodige étonnant. Tandis qu’Iule est pressé dans les bras et sur les lèvres de ses parents en pleurs, une flamme innocente et légère brille au sommet de sa tête, effleure mollement ses cheveux, et semble se nourrir en se jouant sur son front. Saisis d’effroi, nous secouons sa chevelure embrasée, et nous éteignons dans l’onde cette flamme divine. Mais Anchise, mon père, levant avec joie ses yeux et ses mains vers les astres, s’écrie : « Puissant Jupiter ! s’il est des prières capables de te fléchir, jette seulement un regard sur nous ; et si notre piété le mérite, ô père des humains, accorde-nous ton secours, et confirme ce présage. »

À peine le vieillard a parlé, le tonnerre retentit à gauche ;