Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/299

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une étoile, tombant de l’éther, court et rayonne au milieu des ténèbres. Nous la voyons s’abaisser sur le faîte du palais, puis cacher son éclat radieux dans la forêt de l’Ida, en nous montrant le chemin. Un long sillon de lumière a marqué son passage, et l’odeur du soufre fumant remplit tous les lieux d’alentour.

Alors, mon père, vaincu, se lève, invoque les dieux, et adore l’astre sacré : « Plus de retard, s’écrie-t-il, je te suis, et j’irai où tu me conduiras. Dieux de mes pères, sauvez ma famille ! sauvez mon petit-fils ! Ce présage vient de vous, et Troie est encore sous votre protection. Je cède, ô mon fils ! et ne refuse plus de te suivre. »

Il dit ; et déjà la flamme plus éclatante se fait entendre avec plus de force, déjà l’incendie roule de plus près ses tourbillons : « Hâtez-vous, m’écriai-je, ô mon père ! placez-vous sur mes épaules : je vous porterai, et ce fardeau sera léger pour moi. Quels que soient nos destins, pour nous même péril, pour nous même salut. Que le jeune Iule marche près de moi, et que ma femme suive de loin mes pas. Et vous, serviteurs fidèles, écoutez et retenez ces paroles : Hors des murs, sur la colline, est un ancien temple de Cérès, maintenant abandonné ; à côté, s’élève