Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/309

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Mycone, et voulut qu’immobile et habitable, elle défiât désormais le caprice des vents. Je vogue vers cette terre où, fatigués, nous trouvons le sûr abri d’un port tranquille. À peine descendus, nous saluons la ville d’Apollon. Anius, souverain de Délos et prêtre de Phébus, accourt vers nous, le front ceint de bandelettes et du laurier sacré. Il reconnaît dans Anchise un ancien ami ; nous joignons nos mains en signe d’hospitalité, et nous entrons dans son palais.

J’adorais Apollon dans son temple antique ; je disais : « Toi que Thymbra révère, donne-nous, après tant de travaux, un asile, de durables remparts, une postérité ; protége une seconde Pergame et les restes échappés aux fureurs des Grecs et de l’impitoyable Achille. Quel guide devons nous suivre ? où nous ordonnes-tu d’aller ? où devons-nous asseoir notre demeure ? Père du jour, accorde-nous un présage, et viens descendre dans nos âmes. »

À peine j’achevais ces mots, tout parut s’ébranler et se mouvoir, les parvis, le laurier du dieu et la montagne tout entière ; le trépied mugit dans le sanctuaire qui s’ouvre. Nos fronts s’inclinent vers la terre, et une voix est entendue, qui dit : « Race belliqueuse de Dardanus, la terre qui porta vos premiers aïeux vous recevra de nouveau sur son sol fertile. Cherchez votre an-