Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/322

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j’embrasse, en entrant, les portes de Scée. Mes compagnons jouissent avec moi de cette ville amie. Le roi les reçoit dans son palais, sous de vastes portiques : ils font des libations à Bacchus ; les mets sont offerts sur des plats d’or, et des coupes sont dans toutes les mains.

Déjà un jour, puis un autre, se sont écoulés. Les vents appellent nos vaisseaux, et les voiles s’enflent au souffle de l’Auster. Je vais trouver le roi-pontife, et je l’interroge en ces mots : « Enfant de Troie, sage interprète des dieux, vous qu’Apollon inspire ; vous que ne trompent ni le trépied sacré, ni les lauriers de Claros ; qui lisez au front des astres, et connaissez ce que présagent la voix et le vol des oiseaux : parlez, instruisez-moi : une heureuse navigation m’est annoncée par les oracles ; tous les dieux me conseillent de chercher l’Italie, et de voguer vers ces terres lointaines ; seule, la Harpye Céléno, me révélant un nouveau prodige, horrible à dire, me menace, par ses prédictions, d’une terrible vengeance et d’une épouvantable famine. Quels premiers dangers dois-je fuir ? et comment pourrai-je surmonter tant d’obstacles ? »

Alors Hélénus, selon l’usage, immole des génisses et implore la faveur des dieux. Il détache des bandelettes de son front sacré ; il prend ma main, me conduit au temple d’Apollon, et, tandis