Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/323

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que la majesté du dieu remplit d’un trouble profond mon esprit inquiet, le pontife inspiré fait entendre cet oracle : « Fils d’une déesse, n’en doute pas, c’est sous de célestes auspices que tu traverses les mers. Ainsi le souverain des dieux conduit les destinées, règle le cours des événements, et en fixe l’ordre immuable. Mais, pour mieux assurer ta route sur ces mers inconnues, et pour t’ouvrir les ports de l’Ausonie, je vais te dévoiler quelques-uns des nombreux secrets de l’avenir ; les Parques empêchent Hélénus de connaître les autres, et la fille de Saturne, Junon, lui défend de parler. D’abord, cette Italie que tu crois peu éloignée, et ces ports qui te semblent voisins et prêts à s’ouvrir devant toi, de vastes mers, peu fréquentées, t’en séparent pour longtemps par des contrées difficiles à parcourir. Il faut que tes rames fatiguent les eaux de la Sicile, que tes vaisseaux parcourent la mer de l’Ausonie, franchissent le lac de l’Averne, et côtoient l’île fatale de Circé, avant que tu puisses asseoir tes remparts sur une terre hospitalière. Je vais t’indiquer des signes certains ; garde-les fidèlement dans ta mémoire.

« Lorsque errant, inquiet, le long d’un fleuve écarté, tu trouveras, sous les chênes du rivage, une énorme laie blanche, avec trente nourrissons pressés autour de ses mamelles, et blancs