Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/327

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appellent les voiles sur les mers, et leur promettent un souffle propice, va trouver la Sybille, implore ses oracles ; obtiens qu’elle parle et qu’elle laisse échapper de sa bouche sa voix prophétique. Elle te dira les peuples d’Italie, les guerres futures, comment tu pourras éviter leurs périls ou les surmonter ; et, pour prix de tes hommages, la Sybille donnera une fin heureuse à tes travaux. Tels sont les avis qu’il m’est permis de te faire entendre. Va, pars, et que tes hauts faits portent jusqu’aux astres la gloire d’Ilion. »

Après m’avoir adressé ces paroles amies, l’interprète des dieux fait porter sur mes vaisseaux de riches présents d’or et d’ivoire, un vaste amas d’argent, et des vases de Dodone. Il y joint une cuirasse à triples mailles d’or, un casque au cimier éclatant, à la crinière ondoyante, armure de Néoptolème. Des présents sont aussi offerts à mon père. Hélénus ajoute à ses dons des chevaux avec leurs écuyers, de nouveaux rameurs, et des armes pour mes compagnons.

Cependant Anchise ordonnait de déployer les voiles, et de profiter sans retard de la faveur des vents. Le prêtre d’Apollon lui adresse ces paroles avec un grand respect : « Vous que Vénus a jugé digne de son auguste hymen, Anchise, cher aux Immortels, arraché deux fois aux ruines de Pergame, voyez devant vous la