Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/326

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tion mérite quelque confiance, et si Apollon remplit son âme de vérités, il est, surtout, fils de Vénus, un avis sur lequel je ne saurais trop insister, et que je ne puis me lasser de dire et de redire : commence par adorer la grande Junon ; offre à Junon des vœux empressés ; fléchis cette puissante souveraine par tes offrandes suppliantes : c’est ainsi que, victorieux, tu arriveras des contrées de la Sicile aux rivages de l’Italie.

« Lorsque, descendu sur cette terre, tu approcheras de la ville de Cumes, du lac divin de l’Averne et de ses bruyantes forêts, tu verras une prêtresse inspirée qui, du fond de son antre, annonce les arrêts du destin, et trace sur des feuilles des lettres et des mots. Tous les oracles que la Sibylle a écrits sur ces feuilles, elle les place avec ordre, et les laisse enfermés dans son antre ; ils y restent immobiles, et dans le rang qu’elle a fixé. Mais si la porte tourne sur ses gonds, le moindre zéphyr soulève et dérange ce mobile feuillage, et il voltige dispersé dans la grotte, sans que la prêtresse s’inquiète de le replacer et de rétablir l’ordre et la suite des vers. Alors on se retire sans réponse, en maudissant la demeure de la Sibylle. Mais toi, ne regrette point le retard que t’occasionnera le temps passé en ce lieu. Quoique tes compagnons impatients murmurent, que les vents