Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/338

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roches vives d’où le Pantage arrive dans la mer, et le golfe de Mégare, et l’humble Thapsus. Tels étaient les rivages que nous montrait Achéménide, et qu’il avait déjà parcourus avec le malheureux Ulysse.

À l’entrée du golfe de Syracuse, en face de Plemmyre, assaillie par les ondes, il est une île que ses premiers habitants appelèrent Ortygie. C’est là, dit-on, que le fleuve Alphée, quittant l’Élide, et se frayant un chemin secret sous les mers, vient, belle Aréthuse, mêler ses ondes à tes ondes siciliennes. Fidèles aux conseils d’Hélénus, nous adorons les divinités de ces lieux. De là, nous côtoyons les champs que l’Hélore engraisse de ses dormantes eaux. Nous laissons derrière nous les roches hautes et saillantes de Pachynum. Nous découvrons au loin Camarine, que le destin enferma pour toujours dans ses marais, et les champs Géléens, et la ville immense de Géla qui prit son nom du fleuve qui l’arrose. L’altière Agrigente nous montre de loin ses vastes remparts, Agrigente jadis féconde en généreux coursiers. Les vents m’éloignent de toi, riche Sélinonte qu’ombragent les palmiers, et j’effleure les terribles écueils que Lilybée cache sous les ondes.

Enfin Drépane me reçoit dans son port et sur sa rive funeste. C’est là qu’après tant de traverses, je perdis mon père Anchise,