Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/343

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chercher d’heureux présages : elles immolent, suivant l’usage, des brebis choisies à Cérès Législatrice, à Apollon, à Bacchus, et, avant tout, à Junon, qui préside aux nœuds de l’hymen. Didon elle-même, la belle Didon, tenant une coupe dans la main droite, verse le vin entre les cornes d’une blanche génisse, ou, devant les images des dieux, s’avance religieusement vers les autels chargés d’offrandes. Sans cesse elle recommence les sacrifices ; et d’un regard avide, penchée sur le flanc ouvert des victimes, elle interroge leurs entrailles palpitantes. Hélas ! vaine science des augures ! que servent et les vœux et les temples contre les fureurs de l’amour ? Cependant une flamme subtile et dévorante circule dans les veines de Didon, et une blessure secrète vit au fond de son cœur. Elle brûle, l’infortunée, et, dans le transport qui l’égare, elle parcourt toute la ville : telle une biche imprudente, atteinte d’une flèche dont l’a percée de loin, dans les bois de la Crète, le berger qui la poursuivait, emporte, à l’insu du chasseur, le trait qui l’a blessée : dans sa fuite, elle parcourt les bois et les bocages du Dicté : le roseau mortel reste attaché à ses flancs. Tantôt la reine conduit Énée au milieu de ses remparts, lui montre et les richesses de Sidon et sa ville prête à le recevoir : elle commence à parler, et s’arrête au milieu de son discours. Tantôt, au déclin du jour, elle l’appelle à de