Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/347

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pourpre. Les Phrygiens et le joyeux Iule accompagnent la reine. Énée lui-même, qui les surpasse tous en beauté, se place à ses côtés, et réunit les deux cortéges. Tel Apollon quitte la froide Lycie et les rives du Xanthe, pour Délos, son île maternelle, où il renouvelle les pompes sacrées. Mêlés et confondus, les Crétois, les Dryopes et les Agathyrses peints de diverses couleurs, bondissent joyeusement autour de ses autels : le dieu s’avance sur le sommet du Cynthe ; le laurier presse mollement sa chevelure flottante, où s’entrelace un réseau d’or, et sur ses épaules les traits de son carquois retentissent. Telle, et non moins éclatante, est la marche du héros ; la même beauté, la même noblesse brillent sur son visage.

Dès qu’on est arrivé sur les hautes montagnes et dans les repaires inaccessibles, les chèvres sauvages, chassées de leurs roches escarpées, se précipitent du haut des monts ; les cerfs abandonnent les lieux élevés, s’élancent en troupes vers la plaine, et, de leur pied rapide, soulèvent la poussière. Le jeune Ascagne presse joyeusement son ardent coursier au milieu des vallons, devance à la course tantôt ceux-ci, tantôt ceux-là, et souhaite de rencontrer parmi ces troupeaux sans défense un sanglier écumant ou un lion descendu de la montagne.

Cependant un grand bruit commence à gronder dans les airs,