Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/350

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bruit qui l’offense, on dit qu’au milieu des images des dieux ; Iarbas, adressant des vœux sans nombre à Jupiter, l’implora en ces termes : « Jupiter tout-puissant ! toi que maintenant, dans ses banquets, le Maure, assis sur des lits somptueux, honore par l’offrande des libations de Bacchus, tu vois mon affront ! Eh quoi ! les foudres que tu lances n’inspirent-ils qu’une vaine terreur ? et ces feux qui, cachés dans la nue, épouvantent nos âmes, ne font-ils entendre qu’un vain bruit ? Une femme, qui errait sur nos frontières, bâtit sur un sol acheté à prix d’argent une humble ville ; elle tient de moi le rivage aride qu’elle possède aux conditions que j’ai prescrites : et, repoussant mon alliance, elle reçoit Énée pour maître dans son royaume ! Et maintenant ce nouveau Pâris, avec sa suite efféminée, le front ceint de la mitre phrygienne, les cheveux inondés de parfums, jouit en paix de sa conquête ! Est-ce en vain que je porte mes offrandes dans tes temples, et que je me glorifie de ma naissance ? »

Ainsi parlait Iarbas, embrassant les autels. Le dieu entend sa prière, et arrête ses regards sur la ville de Carthage, où les deux amants oubliaient les soins de leur gloire. Alors il appelle Mercure, et lui donne ses ordres : « Va, cours, mon fils ! appelle les Zéphyrs, descends et vole vers la terre. Va trouver le prince