Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/352

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qu’il modère les vents et traverse la nue orageuse. Il vole, et déjà il découvre le sommet sourcilleux et les flancs escarpés de l’infatigable Atlas, qui soutient le ciel sur sa tête ; d’Atlas dont le front chargé de ténébreuses vapeurs, et couronné de pins, est battu sans cesse des vents et des orages : ses épaules blanchissent sous la neige entassée ; de son menton se précipitent des fleuves écumants, et sa barbe raidie se hérisse de glaçons. C’est là que le dieu du Cyllène se balançant sur ses ailes, s’arrête ; puis s’élançant de tout le poids de son corps, il glisse vers la mer, semblable à l’oiseau qui vole autour des rivages et des rochers poissonneux, et, de son aile, rase la surface des flots. Tel, s’éloignant d’Atlas, son aïeul maternel, le dieu du Cyllène, planait entre le ciel et la terre, et fendait les vents, en effleurant les rivages sablonneux de la Libye.

À peine, de ses pieds ailés, a-t-il touché les cabanes voisines de Carthage, il aperçoit Énée fondant de nouveaux remparts et construisant de nouvelles demeures. Le jaspe rayonne en étoile sur son épée ; de ses épaules tombe un manteau, brillant de la pourpre de Tyr : c’était un présent de Didon, qui, de sa main, entrelaçant l’or flexible, en avait nuancé la trame. Le dieu l’aborde soudain : « Eh quoi ! tu jettes les fondements de l’altière Carthage ! esclave d’une femme, tu élèves pour elle une ville