Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/363

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où les Furies vengeresses l’attendent, assises sur le seuil.

Lorsque égarée par son désespoir, et vaincue par la douleur, Didon a résolu de mourir, elle médite en elle-même le moment et les apprêts de son trépas. Puis, abordant sa sœur affligée, elle cache, sous un air calme, son projet, et fait briller l’espérance sur son front serein : « Félicite-moi, ma sœur ! j’ai trouvé le moyen de le ramener, ou de m’affranchir de mon amour. Vers les bornes de l’Océan, aux lieux où le soleil descend dans les ondes, aux confins de l’Éthiopie, il est un lieu où le grand Atlas soutient, sur ses épaules, le ciel parsemé d’étoiles étincelantes. De là est venue dans nos murs une prêtresse massylienne, qui gardait le temple des Hespérides, veillait sur les rameaux de l’arbre sacré, et nourrissait le dragon en répandant un miel liquide et des pavots assoupissants. Elle peut, dit-elle, par ses enchantements, affranchir les cœurs de leurs peines, ou verser dans d’autres cœurs les soucis amers ; elle peut arrêter les fleuves dans leur cours, changer dans les cieux la marche des astres ; elle évoque les mânes pendant la nuit. Tu entendras, ma sœur, la terre mugir sous ses pieds ; tu verras descendre, à sa voix, les arbres des montagnes. J’en jure par les dieux, par toi-même, ô ma sœur ! et par ta tête qui m’est si chère, c’est malgré moi que j’ai recours à l’art des enchantements. Toi, dans la cour