Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/370

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avant le temps, et qu’il gise sur la terre, privé de sépulture ! Voilà mes derniers vœux ! voilà les dernières paroles qui s’échappent avec mon sang ! Et vous, ô Tyriens ! poursuivez d’une haine éternelle sa race et tous ses descendants ! tels sont les présents que mon ombre attend de vous. Jamais d’amitié, jamais de paix entre les deux peuples ! Qu’il sorte de mes cendres un vengeur, qui, le fer et la flamme à la main, poursuive les fils de Dardanus, et maintenant, et plus tard, et toujours, tant qu’il aura la force de combattre. Rivages contre rivages, flots contre flots, armes contre armes ; et puissent nos derniers neveux se combattre encore ! »

Elle dit, et roule dans son âme mille pensers, impatiente de briser la trame d’une vie odieuse. Elle s’adresse à Barcé, nourrice de Sichée (car la sienne avait laissé sa cendre dans le pays de ses pères) : « Chère nourrice, va chercher Anna ma sœur ! dis-lui qu’elle se hâte de répandre sur son corps l’eau lustrale ; qu’elle vienne, amenant avec elle les victimes et les offrandes prescrites pour l’expiation. Toi-même, ceins ta tête du bandeau sacré. Je veux achever le sacrifice que j’ai préparé au dieu des enfers ; je veux mettre un terme à mes peines, et livrer au feu du bûcher l’image du Troyen. » Elle dit, et la