Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/382

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’air de leurs cris ; l’onde soulevée sous l’effort de leurs bras écume et bouillonne ; les navires tracent de longs sillons sur les flots ; la mer tout entière se déchire et s’ouvre sous l’effort des rames et des proues à trois dents. Moins rapides, aux combats du cirque, les chars, traînés par des chevaux impétueux, franchissent la barrière et se précipitent dans la lice ; moins ardents, les conducteurs rivaux secouent sur leur attelage fougueux les rênes flottantes, et, le fouet à la main, se penchent en avant sur leurs coursiers. Toute la forêt retentit des applaudissements et du murmure confus des spectateurs qui expriment leurs sympathies par des cris dont résonne au loin le rivage, et que renvoie l’écho des collines.

Au milieu des acclamations de la foule, Gyas, avant tous, s’est élancé plus rapide, et devance ses rivaux. Cloanthe le suit de près, plus fort par ses rameurs, mais retardé par la pesanteur de son navire. Après eux voguent, à une distance égale, la Baleine et le Centaure, qui, par leurs efforts, cherchent à gagner le premier rang. Tantôt la Baleine l’emporte ; tantôt, vainqueur à son tour, l’énorme Centaure la dépasse ; tantôt enfin les deux vaisseaux voguent de front, et, côte à côte, leurs carènes sillonnent l’onde amère.

Déjà ils approchaient du rocher, et le but allait être atteint, lorsque Gyas, qui toujours devance ses rivaux et vogue en