Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/381

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à une ville flottante, et dont la marche est pressée par trois rangs de jeunes Troyens, qui, sur un triple étage, font mouvoir leurs rames. Sergeste, qui donnera son nom à la maison de Sergius, est porté sur le vaste Centaure ; et la verte Scylla obéit à Cloanthe, dont tu prends ton origine, noble Cluentius.

Au loin, dans la mer, vis-à-vis de la rive écumante, est un rocher que couvrent souvent les vagues irritées, quand les vents orageux voilent les astres, mais qui, sous un ciel serein, élève sa cime aplatie sur l’onde immobile, et offre, pendant la chaleur, une agréable station aux oiseaux de mer. C’est là qu’Énée fait dresser un chêne orné de son feuillage, but verdoyant vers lequel se dirigeront les navires, qui doivent le tourner, pour revenir au port par de longs circuits.

Le sort a fixé les rangs : debout sur leurs poupes, les chefs resplendissent au loin de l’éclat de l’or et de la pourpre. Les jeunes rameurs ont ceint leurs fronts de branches de peuplier, et des flots d’huile rendent luisantes leurs épaules nues. Ils se placent sur les bancs, les bras tendus sur la rame, prêtent l’oreille, et attendent le signal. Leur cœur palpite, agité par la crainte et par l’ardent désir de la victoire. Dès que la trompette éclatante résonne, tous s’élancent sans retard. Les nautoniers frappent