Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/386

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terme de la carrière. Mnesthée le suit et le presse en déployant toutes ses forces : alors, au milieu de cris redoublés, les vœux et la faveur des spectateurs excitent son zèle, et l’air retentit de bruyantes acclamations.

Les uns, fiers de l’avantage qu’ils ont obtenu, s’indignent de se voir disputer l’honneur d’une victoire qu’ils achèteraient au prix de leur vie ; le succès des autres nourrit leur audace : ils peuvent, parce qu’ils croient pouvoir ; et peut-être les deux rivaux, arrivant ensemble, eussent partagé le prix, si Cloanthe, étendant ses deux bras vers les ondes, n’eût rendu les Dieux favorables à ses vœux, en leur adressant cette prière :

« Dieux qui régnez sur les mers, vous dont je parcours l’empire, si vous exaucez mes vœux, j’immolerai avec joie un taureau blanc, sur ce rivage, au pied de vos autels ; je jetterai ses entrailles dans les flots amers, et j’y joindrai des libations de vin. » Il dit, et, du fond des mers, tout le chœur des Néréides, les filles de Phorcus et la vierge Panopée ont entendu sa voix. Portunus lui-même pousse de sa puissante main le vaisseau, qui, plus vite que le vent, que la flèche légère, fuit vers la terre et vole dans le port.

Alors, selon la coutume, le fils d’Anchise, ayant appelé tous les combattants, proclame, par la voix du héraut, Cloanthe vain-