Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/394

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encore cette jeunesse qui donne à cet arrogant tant d’orgueil et de confiance, ce ne serait pas le prix proposé, ce ne serait pas ce superbe taureau qui m’eût amené ici : les prix me touchent peu. » Il dit, et jette sur l’arène deux cestes d’un poids énorme : c’étaient ceux dont le vaillant Éryx armait ses mains dans les combats, et que de dures courroies attachaient à ses bras vigoureux. Tous demeurent stupéfaits à l’aspect de ces effroyables gantelets où sept cuirs épais se replient sept fois sur eux-mêmes, et que hérissent des lames de plomb et de fer. Interdit plus que tous les autres, Darès refuse le combat avec de telles armes. Le magnanime fils d’Anchise les soulève, les pèse, et déroule l’immense volume des courroies. « Et que serait-ce donc, dit alors le vieux Entelle, si quelqu’un de vous eût vu les cestes d’Hercule, et l’affreux combat qui fut livré sur ce même rivage ? Ces armes sont celles que portait autrefois Éryx, votre frère : vous les voyez encore empreintes de sang et de cervelles écrasées. C’est avec ces armes qu’il lutta contre le grand Alcide ; c’est avec elles que moi-même je combattais, quand un sang plus jeune nourrissait mes forces, et que la vieillesse jalouse n’avait pas, autour de mes tempes, blanchi mes cheveux. Mais, si le Troyen Darès refuse mes armes, si c’est la volonté du pieux Énée, et si