Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/393

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déploie, l’un après l’autre, ses bras nerveux, et frappe l’air de coups redoublés. On lui cherche un adversaire ; mais, dans une assemblée si nombreuse, aucun n’ose affronter un pareil athlète, ni armer ses mains du ceste. Alors il triomphe, et, pensant que tous lui cèdent la palme, il s’avance aux pieds d’Énée ; et, sans plus attendre, de sa main gauche il saisit le taureau par la corne, et s’écrie : « Fils de Vénus, si personne n’ose hasarder le combat, jusques à quand dois-je attendre ? pourquoi me retenir davantage ? Ordonnez que j’emmène le prix. » Tous les Troyens font entendre un murmure approbateur, et veulent que la récompense promise lui soit délivrée.

En ce moment, Aceste gourmande vivement Entelle, assis auprès de lui sur le vert gazon : « Entelle, dit-il, est-ce donc en vain que jadis on te disait le plus vaillant des athlètes ? souffriras-tu qu’un prix si glorieux soit enlevé sans combat ? Où est maintenant ce dieu, ton maître, cet Éryx, que tu nous vantais en vain ? Qu’est devenue ta gloire qui remplissait toute la Sicile ? Où sont les trophées suspendus à tes lambris ? » Entelle lui répond : « La crainte n’a point banni de mon cœur l’amour des louanges et de la gloire ; mais les glaces de la pesante vieillesse ont engourdi mon sang, et mon corps, refroidi par l’âge, languit sans vigueur. Si j’avais