Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/396

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qui attaque une ville munie de hauts remparts, ou qui assiége un fort assis sur un mont élevé, tente l’un après l’autre tous les accès, tourne en tous sens autour de la place, et presse vainement l’ennemi d’assauts redoublés.

Enfin, Entelle se dresse, et lève sa main droite de toute sa hauteur : Darès a vu le coup qui le menace, et, par un mouvement rapide, il recule et l’évite : l’effort d’Entelle est perdu dans les airs, et lui-même, entraîné par son poids, tombe pesamment sur l’arène : ainsi tombe, dans les forêts de l’Érymanthe ou de l’Ida, un vieux pin creusé par le temps et arraché de ses racines. Diversement émus, Troyens et Siciliens se lèvent, et leurs clameurs montent jusqu’au ciel. Aceste accourt le premier : il relève, en le plaignant, cet ami dont l’âge est égal au sien. Mais le héros, sans être ni ralenti, ni effrayé de sa chute, revient, plus terrible, au combat ; sa force est excitée et doublée par la colère. La honte et la conscience de son courage l’animent et l’enflamment : ardent, il s’élance, et poursuit dans toute l’étendue de l’arène Darès obligé de fuir devant lui ; et sans relâche il redouble ses coups, tantôt de la main droite, tantôt de la main gauche. Point de trêve, point de repos : comme une grêle épaisse se précipite de la nue sur les toits qu’elle fait retentir, ainsi, le héros, à coups