Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/399

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l’arbre tremble, l’oiseau effrayé agite ses ailes, et le vallon retentit de longs applaudissements. À son tour se présente l’ardent Mnesthée, l’arc tendu, la tête haute, l’œil et la flèche dirigés vers le but ; mais il ne réussit point à atteindre l’oiseau lui-même ; seulement il a rompu les nœuds du lien qui le retenait suspendu par la patte au sommet du mât. La colombe prend l’essor, et s’envole dans les sombres nuages. Soudain le prompt Eurytion, qui, depuis longtemps, tient sur l’arc bandé sa flèche préparée, invoque son frère, et, suivant de l’œil, dans l’espace, la colombe qui fend l’air d’une aile triomphante, il l’atteint dans l’épaisse nuée : elle tombe inanimée, exhale sa vie dans les cieux, et, dans sa chute, rapporte le trait qui l’a percée.

Aceste restait seul, et la palme était perdue pour lui. Cependant, jaloux de signaler son adresse et son arc retentissant, il lance un trait dans les airs ; et soudain à tous les regards s’offre un grand prodige, présage d’un malheur que l’événement fit bientôt connaître. Mais la voix effrayante des devins interpréta trop tard cet avis des Dieux. Le roseau volant s’embrase dans les nues, marque sa route par un sillon de feu, se consume et s’évanouit dans les airs, semblable à ces étoiles que souvent on voit