Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/400

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se détacher du ciel, courir dans l’espace et traîner une chevelure enflammée. Surpris et immobiles, Troyens et Siciliens implorent tous la protection des Dieux. Le magnanime Énée ne rejette point le présage ; mais, partageant la joie d’Aceste, il l’embrasse, le comble de présents magnifiques, et dit : « Recevez ce prix, ô mon père ; car le puissant roi de l’Olympe a voulu, par un prodige si éclatant, vous mettre au-dessus de tout rival. Anchise lui-même vous fait ce don par mes mains : c’est une coupe où l’art a ciselé des figures, et que Cissée, roi de Thrace, donna jadis à mon père, comme un monument et comme un gage de son amitié. » À ces mots, il ceint d’un laurier vert le front du vieillard, et le proclame le premier entre tous les vainqueurs. Le généreux Eurytion ne se montre point jaloux de cette préférence, quoique seul il ait atteint l’oiseau dans le haut des airs. Le second prix est donné à celui qui a rompu le lien ; et le dernier, à celui qui a fixé dans le mât sa flèche légère.

Cependant, avant la fin de ce dernier jeu, Énée appelle le fils d’Épytus, gouverneur et compagnon du jeune Iule, et confie ces mots à son oreille discrète : « Va, cours, et si Ascagne a réuni l’escadron des jeunes Troyens, s’il a tout disposé pour la marche et les évolutions, qu’il conduise ses compagnons au tombeau de