Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/410

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comme une vapeur légère, s’évanouit dans les airs : « Ô mon père, s’écrie Énée, où cours-tu ? où vas-tu te cacher à ma vue ? pourquoi me fuir ? et qui t’enlève à mes embrassements ? » À ces mots, il réveille la flamme assoupie sous la cendre, et, répandant la farine sacrée et l’encens, il invoque les Pénates de Troie et l’antique Vesta. Aussitôt il convoque ses compagnons, et Aceste le premier. Il leur annonce l’ordre de Jupiter, les conseils d’un père chéri, et les résolutions auxquelles son esprit s’arrête. À l’instant tout est approuvé ; Aceste a consenti. On inscrit pour la ville nouvelle ceux qu’on doit y laisser, les femmes et les Troyens pour qui la gloire a peu d’attrait. Les autres rétablissent les bancs des rameurs, remplacent les bois endommagés par la flamme, garnissent les vaisseaux de rames, de cordages : ils sont peu nombreux, mais pleins d’ardeur et de courage.

Cependant Énée trace, avec la charrue, l’enceinte de la ville. Le sort assigne les demeures : le héros veut qu’on y retrouve un autre Ilion, une seconde Troie. Aceste se réjouit de ce nouveau royaume : il marque le lieu du forum, et donne des lois à l’assemblée des vieillards formée en sénat ; un temple, consacré à Vénus d’Idalie, s’élève sur la cime de l’Éryx ; enfin, un prêtre est établi près du tombeau d’Anchise, dont un bois sacré forme l’enceinte.