Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/420

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main et les traits de Pâris, c’est sous tes auspices que j’ai parcouru les mers qui baignent tant d’immenses contrées, que j’ai vu les terres lointaines des Massyliens, et les champs arides que bordent les Syrtes. Enfin, nous les tenons, ces rivages de l’Italie qui fuyaient devant nous ! Qu’ici la fortune de Troie cesse enfin de nous poursuivre ! Vous tous aussi, dieux et déesses, qu’importunaient jadis Ilion et la gloire immortelle de la Dardanie, vous pouvez maintenant épargner ce qui reste du peuple de Pergame. Et toi, prêtresse sainte, qui lis dans l’avenir, accorde (je ne demande que l’empire promis à mes destins), accorde aux enfants de Teucer, à nos dieux errants, aux Pénates de Troie si longtemps agités, de se fixer enfin dans le Latium. Alors j’élèverai un temple de marbre à Phébus et à Diane, et j’établirai des fêtes en l’honneur d’Apollon. Toi-même, ô vierge prophétique ! un auguste sanctuaire t’est réservé dans mon empire : là je déposerai tes oracles, renfermant les secrètes destinées annoncées à mon peuple, et des mortels, choisis par moi, en seront les sacrés interprètes. Seulement, ne confie point tes oracles à des feuilles légères, de peur que, jouets des vents rapides, elles ne se mêlent et ne s’envolent. Parle toi-même, je t’en conjure. » Telle fut la prière du héros.

Cependant, luttant contre le dieu puissant qui la presse, la