Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/423

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en mourant à son tour, s’il passe et repasse tant de fois par ce chemin !… qu’ai-je besoin de te rappeler Thésée et le grand Alcide ? et moi aussi je descends du puissant Jupiter. »

Ainsi priait Énée, en embrassant les autels. La prêtresse lui répond en ces termes : « Troyen, fils d’Anchise, et issu du sang des dieux, la descente aux enfers est facile. La porte du sombre empire est ouverte nuit et jour. Mais revenir sur ses pas et revoir la lumière éthérée, c’est une entreprise, c’est une tâche difficile : il n’a été donné d’y réussir qu’à quelques enfants des dieux, que Jupiter favorisa ou que leur vertu sublime éleva jusqu’aux astres. L’Averne est au milieu d’immenses forêts, et le Cocyte, dans son cours, l’environne des noirs replis de ses ondes. Mais, si ton âme avide brûle du désir de traverser deux fois les eaux du Styx, de voir deux fois le sombre Tartare, et s’il te plaît de tenter cette téméraire entreprise, apprends ce qu’avant tout tu devras faire. Sur un arbre au feuillage épais se cache un rameau consacré à la Junon des enfers ; sa tige légère et ses feuilles sont d’or : toute la forêt le dérobe aux regards, et une vallée ténébreuse l’enferme dans ses ombres. Mais il n’est donné à aucun mortel de pénétrer dans l’empire des morts, avant d’avoir détaché de l’arbre ce rameau d’or : c’est le présent que la belle Proserpine exige qu’on lui ap-