Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/429

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la dépouille entière des taureaux, et verse une huile onctueuse sur leurs entrailles brûlantes.

Mais voilà qu’aux premiers rayons du soleil, sous les pieds le sol mugit ; la cime des forêts commence à trembler, et les chiens hurlent dans l’ombre, à l’approche de la déesse : « Loin d’ici ! oh ! loin d’ici, profanes ! s’écrie la prêtresse ; sortez de ce bois sacré ! Et toi, prends ce chemin, et tire ton glaive du fourreau : c’est maintenant qu’il faut du courage, Énée, maintenant qu’il faut une âme inébranlable. » Elle dit, et, furieuse, s’élance dans le gouffre ouvert. Le héros, d’un pas assuré, suit son guide, et l’égale en vitesse.

Dieux à qui appartient l’empire des âmes, ombres silencieuses, Chaos, Phlégéthon, vaste séjour de la nuit et du silence, qu’il me soit permis de redire ce que j’ai entendu : pardonnez, si je dévoile des secrets ensevelis dans les ténèbres et dans les profonds abîmes de la terre.

Ils marchaient seuls dans l’obscurité, couverts des ombres de la nuit, à travers les demeures vides et les tristes royaumes de Pluton. Tel un voyageur traverse les forêts, à la lueur décevante de la lune incertaine, quand Jupiter a caché le ciel dans l’ombre, et que la nuit ténébreuse a ôté aux objets leurs couleurs.