Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/444

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horrible, s’ouvrent les portes du Tartare : « Tu vois, dit la Sibylle, quelle garde veille sous le vestibule, et quel monstre en défend l’accès. Au dedans, plus terrible encore, habite l’hydre énorme avec ses cinquante gueules béantes ; et le Tartare s’étend en profondeur, et plonge sous le ténébreux empire deux fois autant qu’il y a d’espace entre la terre et la voûte de l’Olympe. Là ces vieux enfants de la Terre, les Titans, précipités par la foudre dans le fond de l’abîme, y roulent sans fin. Là j’ai vu les deux fils d’Aloé, ces immenses géants qui tentèrent de briser de leurs mains le vaste ciel, et de renverser Jupiter du haut de son trône. Là j’ai vu, subissant des peines cruelles, l’impie Salmonée, qui voulut imiter les feux lancés par le maître des dieux, et le bruit de son tonnerre. Sur un char traîné par quatre coursiers, ce prince, agitant une torche enflammée, parcourait, triomphant, les champs de la Grèce et la ville d’Élis, où il exigeait les honneurs qu’on rend aux Immortels. Insensé ! qui, avec son pont d’airain et ses chevaux aux pieds retentissants, prétendait simuler les orages et imiter la foudre inimitable. Mais Jupiter tout-puissant, du milieu des nuées, lança, non de vains flambeaux, non des torches fumeuses, mais ses traits redoutables, et, dans un horrible tourbillon, le précipita au fond du Tartare. Là on voit encore ce nourrisson de la Terre, mère de toutes choses,