Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/443

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

diamant le plus dur, que toute la force des mortels et des dieux eux-mêmes ne pourrait ébranler. Une tour de fer se dresse dans les airs ; Tisiphone, vêtue d’une robe sanglante, veille jour et nuit dans le vestibule sans jamais s’endormir. De là se font entendre sans cesse des gémissements, le sifflement des fouets cruels et le fracas des chaînes de fer que traînent les coupables. Énée s’arrête consterné ; il écoute et s’écrie : « Ô vierge ! quels sont ces criminels ? par quels supplices sont-ils tourmentés ? et pourquoi ces cris horribles qui remplissent les airs ? — Illustre chef des Troyens, répond la prêtresse, il n’est permis à aucun homme pur de pénétrer dans cette demeure du crime. Mais en me confiant la garde des bois sacrés de l’Averne, Hécate elle-même me révéla les vengeances des dieux, et me fit connaître tous les secrets du Tartare. C’est là que le Crétois Rhadamante dicte ses dures lois : il interroge et punit les pervers, et les contraint d’avouer les forfaits qu’ils avaient eu la vaine joie de dérober aux regards de la terre, et dont l’expiation tardive avait été devancée par la mort. Alors Tisiphone vengeresse saisit ses fouets, insulte et frappe les condamnés, et, de sa main gauche leur présentant ses serpents horribles, elle appelle, pour la seconder, ses effroyables sœurs. »

En ce moment enfin, tournant sur leurs gonds avec un bruit