Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/446

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rocher devant eux ; d’autres, attachés aux rayons d’une roue mouvante, y demeurent suspendus ; le malheureux Thésée est assis et doit rester assis éternellement. Le plus infortuné de tous, Phlégias les avertit sans cesse, et sans cesse, d’une voix forte, crie au milieu des ténèbres : « Apprenez, par mon exemple, à connaître la justice, et à ne point mépriser les dieux ! » Celui-ci a vendu sa patrie à prix d’or, et l’a livrée au pouvoir d’un tyran ; celui-là, au gré de son avarice, a fait et refait les lois ; cet autre a souillé le lit de sa fille, et cherché un affreux hyménée. Tous ont osé méditer des forfaits horribles, et tous ont osé les accomplir. Non, quand j’aurais cent bouches, cent langues et une voix de fer, je ne pourrais jamais dire tous les genres de crimes, ni passer en revue tous les supplices.

« Mais, ajoute l’antique prêtresse d’Apollon, il est temps d’avancer ; reprends ta route, et poursuis ton dessein. Hâtons-nous. J’aperçois les murs forgés par les Cyclopes, et voilà devant nous la porte et la voûte où nous devons déposer notre offrande. »

Elle dit, et tous deux, marchant d’un pas égal dans ces routes obscures, franchissent l’espace intermédiaire, et arrivent au palais de Pluton. Énée s’avance sous le portique, purifie son corps dans une onde fraîche, et attache, en face du seuil, le rameau sacré.