Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/447

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce devoir accompli, et le présent offert à la déesse, ils arrivent enfin dans ces champs délicieux, dans ces riantes prairies, dans ces bois toujours verts, séjour de la félicité. Là, un air plus pur revêt les campagnes d’une lumière pourprée : les ombres y ont leur soleil et leurs astres. Les unes exercent, dans des jeux sur le gazon, leur force et leur souplesse, ou luttent sur le sable doré ; les autres frappent la terre en cadence et chantent des vers. Le chantre divin de la Thrace, en longue robe de lin, fait résonner harmonieusement les sept voix de sa lyre, qui vibre tantôt sous ses doigts, et tantôt sous l’archet d’ivoire. Là, sont les descendants de l’antique Teucer : Ilus, Assaracus et Dardanus, fondateur de Troie, race brillante de héros magnanimes, nés dans des temps plus heureux. Énée s’étonne de voir au loin des armes, des chars vides, des javelots fixés dans la terre, et des chevaux qui paissent librement dans la plaine. Ceux qui, pendant leur vie, aimèrent les chars, les armes et les brillants coursiers, conservent les mêmes goûts au delà du trépas.

À droite et à gauche le héros aperçoit d’autres ombres, qui, couchées sur l’herbe, chantent en chœur un joyeux Péan, sous l’ombrage odorant d’une forêt de lauriers où l’Éridan, descendu