Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/452

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la succession des âges, après mille années révolues, le temps a effacé les souillures des âmes, et ne leur a laissé que les simples éléments du feu primitif et la pure essence éthérée, un dieu appelle leur nombreuse foule sur les bords du Léthé, afin qu’oubliant le passé elles puissent revoir la voûte des cieux, et qu’elles désirent retourner dans de nouveaux corps. »

Il dit, et il entraîne son fils et la Sibylle au milieu du peuple bruyant des ombres. Il monte sur un éminence d’où il peut les voir passer, en long ordre, devant ses yeux, et distinguer leurs traits au passage : « Regarde, dit-il à son fils, quelle gloire attend, dans l’Italie, les descendants de Dardanus ! je vais te révéler ces âmes illustres qui doivent éterniser notre nom, et je t’apprendrai tes propres destinées.

« Vois ce jeune homme appuyé sur sa lance. Le sort l’a placé dans le lieu le plus voisin de la lumière. Il naîtra le premier de notre sang mêlé au sang Italien : c’est l’Albain Silvius, ton dernier fils. Lavinie, ton épouse, élèvera dans les bois du Latium ce fruit tardif de ta vieillesse, ce roi, père des rois de notre race qui domineront dans Albe-la-Longue.

« Près de lui est Procas, la gloire de la nation troyenne. À sa