Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/451

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de la Lune, et l’astre de Titan, sont pénétrés, nourris par un même principe, âme universelle qui, répandue dans les veines du monde, en meut toute la masse et se mêle avec ce grand corps. De là sont appelés à la vie les hommes et les diverses espèces d’animaux qui peuplent la terre, les oiseaux qui volent dans les airs, et les monstres que la mer contient dans ses profondeurs. Il y a dans ces êtres un feu vivifiant émané des cieux, dont l’activité s’émousse, s’il s’unit à des corps pesants, à des organes grossiers, à des membres périssables : de là naissent la crainte, les désirs, la douleur et la joie. Enfermées dans les ténèbres de leur obscure prison, les âmes ne regardent plus les cieux, et même, lorsque, au dernier jour, la vie s’est retirée, les malheureuses ne peuvent se dégager entièrement des maux et des souillures du corps : car, dans cette longue union avec la matière, les vices, s’invétérant, ont laissé en elles des traces presque ineffaçables. Elles subissent donc des châtiments, et expient dans les supplices leurs anciennes fautes. Les unes, suspendues dans les airs, sont le jouet des vents ; les autres, dans un vaste gouffre, lavent les taches infectes de leurs crimes, ou s’épurent par le feu. Chacun de nous est soumis au châtiment réservé à ses mânes : ensuite, nous sommes envoyés dans le vaste Élysée, dont les riantes campagnes n’ont que peu d’habitants. Lorsque, dans