Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/455

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premier, fondera la ville naissante sur la base des lois, et qui de l’humble ville de Cures, de sa terre infertile, sera appelé au gouvernement du grand empire. Il aura pour successeur Tullus, qui, rompant la longue paix de la patrie, excitera aux combats ses guerriers oisifs et ses bataillons déjà déshabitués de la victoire. Après lui vient l’orgueilleux Ancus, déjà trop sensible aux charmes de la faveur populaire. Veux-tu voir les Tarquins, l’âme fière du vengeur Brutus, et les faisceaux enlevés à la royauté ? Brutus, le premier, recevra le pouvoir consulaire et les haches redoutables. Père, il verra ses enfants susciter contre Rome de nouvelles guerres, et les immolera à la glorieuse liberté. Infortuné ! quel que soit sur ce sacrifice le jugement de la postérité, en toi triompheront l’amour de la patrie et le désir immense de la gloire. Vois plus loin les Decius, et les Drusus, et l’inflexible Torquatus, armé de sa hache sanglante, et Camille rapportant les étendards de Rome.

Ces deux guerriers dont tu vois briller les armes pareilles, et dont les âmes sont unies, tandis que la nuit retient ici leur essor, hélas ! quelles guerres s’allumeront entre eux, s’ils touchent le seuil de la vie ! Entre eux, que de combats sanglants ! et quel carnage, lorsque au beau-père descendant du sommet des Alpes et du roc de Monæcus le gendre opposera toutes les forces de