Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/462

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Maintenant, divine Érato, inspire-moi : je raconterai quels ont été les temps célèbres, les rois et les grands événements de l’antique Latium, alors qu’une flotte étrangère aborda, pour la première fois, aux rives de l’Ausonie. Je rappellerai l’origine des combats livrés sur cette terre. C’est à toi, Muse, c’est à toi d’instruire ton poëte. Je dirai d’horribles guerres ; je dirai les armées et les rois que la vengeance animait au carnage, les soldats de Tyrrhène, et toute l’Hespérie rassemblée sous les armes. Un ordre de faits plus grand s’ouvre devant moi, et je médite une œuvre plus grande. Déjà vieux, le roi Latinus gouvernait dans une longue paix son paisible empire. On le disait fils de Faunus et de Marica, nymphe de Laurente. Faunus avait eu pour père Picus ; et Picus, ô Saturne ! te rapportant son origine, voyait en toi le chef de sa race illustre. Latinus n’eut point de descendant mâle : les destins lui avaient enlevé un fils à la fleur des ans. Une fille lui restait, seule héritière de son trône et seul espoir de sa maison. Déjà en pleine jeunesse, et mûre pour l’hymen, elle était recherchée par un grand nombre de princes du Latium et par tous ceux de l’Ausonie. Le plus beau de tous, Turnus, puissant par une longue suite d’aïeux, était au nombre des prétendants. La reine favorisait ses vœux, et souhaitait ardemment de l’avoir pour gendre,