Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/463

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mais les dieux, par d’effrayants prodiges, s’opposaient à cet hymen.

Au milieu du palais, et dans une enceinte écartée, s’élevait un laurier qu’une crainte religieuse protégeait depuis un long âge. On disait que, trouvé dans ce lieu par Latinus, à l’époque où il jetait les fondements de sa ville, ce prince l’avait consacré au dieu de la lumière, et dès lors avait donné le nom de Laurente à sa colonie. Un jour, ô prodige ! d’innombrables abeilles, traversant bruyamment les airs, s’arrêtent sur la cime de l’arbre sacré, et chacune aux pieds d’une autre enlaçant ses pieds, l’essaim se suspend tout à coup à l’un des rameaux verdoyants. Alors un devin consulté : « Je vois, dit-il, du côté par où sont venues ces abeilles, arriver un héros étranger, qui conduit de nombreux guerriers, et qui s’établit en vainqueur dans la citadelle. » Un autre prodige vient encore étonner les esprits : tandis que Lavinie est devant les autels des dieux, debout près de son père, et que sa main virginale offre un pur encens, tout à coup, ô terreur ! on voit les feux sacrés s’attacher à sa longue chevelure ; la flamme, en pétillant, dévorer les ornements qui parent sa tête, embraser son bandeau royal, embraser sa couronne éclatante de pierreries : elle-même, enveloppée de fumée et d’une sombre lumière, sème l’incendie dans tout le palais. Ce prodige semble