Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/466

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vous, Pénates sacrés, fidèles protecteurs de Troie, salut ! C’est ici qu’est notre demeure ; ici, notre patrie ! oui, tels étaient, maintenant je m’en souviens, les secrets des destins que m’annonçait mon père : « Mon fils, me disait-il, lorsque, arrivé sur des rivages inconnus, après avoir consommé tes vivres, la faim te forcera de dévorer tes tables, espère alors un asile après tant de fatigues. Souviens-toi d’élever sur cette terre tes premiers toits, et de les munir de remparts. » La voilà donc, cette faim terrible ! voilà cet extrême malheur qui devait terminer tous les autres ! Courage donc, livrez-vous à la joie ! demain, aux premiers rayons du jour, nous éloignant du port, allons explorer cette terre, et reconnaître quels sont les peuples qui l’habitent, et les villes qu’elle renferme. Et maintenant, faites des libations à Jupiter ; invoquez dans vos vœux mon père Anchise, et replacez les coupes sur les tables. »

Il dit, et, couronnant son front d’un rameau vert, il adresse des prières au Génie du lieu, à la Terre, la première des divinités ; aux Nymphes et aux Fleuves qui lui sont encore inconnus ; puis il invoque la Nuit, et les astres de la nuit naissante, Jupiter adoré sur le mont Ida, Cybèle qu’honore la Phrygie, et les auteurs de ses jours, habitants du Ciel et de l’Érèbe. Alors, du haut