Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/469

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du Latium qui, depuis les premiers âges, ont reçu de glorieuses blessures en combattant pour la patrie. Sous les sacrés portiques étaient suspendues, comme trophées, les nombreuses dépouilles de la victoire : des chars enlevés aux ennemis, des haches au fer recourbé, des casques ornés de leurs aigrettes, d’énormes verrous, des javelots, des boucliers, et des éperons de navires. À l’entrée du temple, vêtu de la courte trabée, tenant d’une main le bâton augural, de l’autre le bouclier sacré, était assis Picus, habile dans l’art de dompter les chevaux ; Picus que, dans un transport jaloux, Circé, son amante, frappa de sa baguette d’or, et que, par ses magiques breuvages, elle changea en un oiseau dont elle sema les ailes des plus vives couleurs.

C’est dans ce temple sacré que Latinus, assis sur le trône de ses pères, admet les envoyés troyens. Dès qu’ils sont introduits, lui-même il leur adresse ces paroles de paix : « Parlez, enfants de Dardanus (car nous n’ignorons ni votre ville, ni votre origine, et votre renommée vous a précédés sur ces bords) : que demandez-vous ? Quel motif ou quel besoin a conduit vos vaisseaux, à travers tant de mers, jusqu’aux rivages de l’Ausonie ? Soit qu’égarés dans votre route, soit que battus par les tempêtes, qui poursuivent les navigateurs sur les profondes mers, vous soyez entrés dans le fleuve pour y chercher un port et un asile, ne refusez