Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/470

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pas l’hospitalité que je vous offre. Apprenez que les Latins, ce peuple de Saturne, suivent l’équité sans contrainte, et non par la terreur des lois, et qu’ils gardent les mœurs héréditaires de leur ancien dieu. Il m’en souvient encore (quoique ce soit une tradition déjà obscurcie par les âges), des vieillards Aurunces m’ont raconté que Dardanus, né dans nos campagnes, pénétra dans les villes de Phrygie, au pied de l’Ida, et dans Samos de Thrace, appelée aujourd’hui Samothrace. Parti de Coryte, cité de Tyrrhénie, il siége maintenant, assis sur un trône d’or, dans le palais des cieux étoilés, partage l’encens avec les dieux, et augmente le nombre de leurs autels. »

Il dit ; Ilionée répond : « Prince, noble sang de Faunus, ce ne sont ni les flots soulevés par les noirs aquilons, ni des astres trompeurs, qui nous ont contraints d’aborder sur vos rivages. C’est à dessein, et de notre propre volonté, que nous venons dans cette ville, nous, exilés du plus grand empire que, du haut de l’Olympe, les regards du Soleil aient jamais embrassé : notre origine remonte à Jupiter ; les enfants de Dardanus se glorifient d’avoir Jupiter pour aïeul. Notre roi lui-même, le Troyen Énée, qui nous envoie devant vous, est issu du puissant Jupiter. Cet orage effroyable, que la cruelle Mycènes vomit dans les champs